Mazagan hier, El Jadida aujourd’hui



L’histoire d’El Jadida est loin d’être un long fleuve tranquille. Phéniciens, carthaginois (un comptoir à Tit et une agglomération à Akra selon l’historien G.Martinet) et Romains (l’amiral Pline parlait dans sa description de Rusibis) s’y installèrent pour commercer, mais ce sont surtout les portugais qui s’y complurent de longues années durant. Un chantier d’une durée de 30 ans, c’est dire si la ville était importante pour ces bâtisseurs portugais ; autant dire un château fort flanqué de quatre tours, le Castro Real, et d’enceintes, le tout finalisé en 1541. Un fossé profond et un pont-levis témoignent de la parenté avec les constructions européennes en vogue à l’époque. Le centre de la citadelle prévue à l’origine pour une place d’arme est reconverti plus tard en citerne pour stocker l’eau, pour parer à d’éventuels sièges prolongés. La cité reste une attraction animée du son de l’eau et d’une lumière céleste, d’une rare fascination à certaines heures de la journée. Il faut attendre 1562 pour assister à sa libération et au départ effectif des portugais dix ans plus tard après 267 ans d’occupation. Les différents noms qu’elle porta, attestent de cette convoitise (ressource en céréales et en laine) qu’elle suscita : d’abord Rusibis, Mazagan ensuite (nom dérivé de Mazagan citée par Al Idrissi en 1054 dans son livre Nuzhat al Muchtak…..), Al Mahdouma après et El Jadida enfin par les soins du Sultan Moulay Mohammed Ben Abdellah. Moulay Taib, gouverneur et neveu du sultan, préside à cette construction. A partir de cette date, le commerce s’intensifie sous la houlette de sardes (Mortéo de Gênes), de français (les Ferrieu, la compagnie Luce…), d’anglais et d’espagnols, ce qui hisse la ville au rang de second port du royaume. Les consulats, les Marocains protégés (900 en quelques années), l’irruption du clergé (300 en 1897) témoignent du nombre d’étrangers installés, preuve qu’elle connaissait une réelle vitalité économique.